28 mai 2013

« La résilience à la sécheresse passe par l’information et l’autonomisation des collectivités locales »

Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

GENÈVE, 22 mai (Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies) –Les participants à la quatrième session de la Plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe ont débattu, ce matin, au cours d’une séance plénière, au Centre international de conférences Genève, de la question de l’activité des collectivités, considérée comme la pierre angulaire des nations résilientes.  Mme Ann Akwango, Directrice des programmes du Development Network of Indigenous Voluntary Associations (DENIVA) de l’Ouganda, a animé cette séance.

Il est important de renforcer la résilience des communautés face aux catastrophes qui interviennent au quotidien car, ont fait remarquer les intervenants, ces catastrophes ont des conséquences dévastatrices sur la vie des populations.  Les médias assurent une faible couverture à ces évènements naturels et les autorités de nombreux pays consacrent des ressources limitées pour les prévenir.  Pour sa part, la Directrice et fondatrice de la communauté des travailleurs de santé de Shibuye (Kenya), Mme Violet Shivutse, a regretté que les donateurs n’accordent pas la priorité à l’action des collectivités, qui est pourtant efficace.  La quatrième session de la Plate-forme devrait formuler des recommandations afin de garantir la pérennité des initiatives locales, a-t-elle estimé.
Responsable de la Sakhi Federation (Inde), Mme Godavari Dange, a souligné l’importance des initiatives prises par les femmes en Inde pour prévenir, au sein de leurs communautés, la contamination de l’eau résultant de changements climatiques.  La Présidente de l’Union des coopératives des femmes Las Brumas (Nicaragua), Mme Haydee Rodriguez, a fait observer que la participation des femmes à la vie publique municipale avait augmenté grâce à un programme qui consacre 5% du budget à des programmes de formation et d’intégration.  Pour le représentant de la Fondation internationale pour les peuples du Pacifique Sud –FSPI- (Fidji), M. Jiuta Korovulavula, le cadre d’action post-2015 devrait encourager les gouvernements à intégrer toutes les catégories de personnes vulnérables aux efforts de réduction des risques de catastrophe.

Le mécanisme d’alerte précoce mis en place dans la région de Sarapiqui, au Costa Rica, a assuré la Coordonnatrice du Comité communautaire d’urgence de Puerto Viejo (Costa Rica), Mme Jacqueline Araya Montero, a permis de mieux préparer la population aux risques d’une catastrophe en assurant la formation appropriée des différents personnels concernés, en organisant une solide coordination avec les autorités locales ou nationales et en assistant les personnes touchées.  Le Secrétaire adjoint à la protection civile de l’État Rio de Janeiro (Brésil), M. Marcio Moura Motta, a indiqué que la ville de Rio de Janeiro et toute la région, grâce à des mesures préventives bien ciblées, avait réussi à réduire l’impact des inondations de 2010, qui avaient causé la mort de plusieurs dizaines de personnes.

Les communautés jouent un rôle important en matière de prévention des risques de catastrophe, car souvent les catastrophes naturelles, causées par les changements climatiques, se produisent dans des régions qu’elles connaissent très bien.  C’est pourquoi, il faudrait recourir aux connaissances traditionnelles, a recommandé M. Alex Byarugaba, qui est membre du Parlement, dans le district d’Isingiro, en Ouganda.  Pour la Ministre de la protection civile de la Nouvelle-Zélande, Mme Nikki Kaye, la rapidité avec laquelle un pays se remet d’une catastrophe naturelle dépend de la capacité des collectivités à y faire face.  Elle a estimé que les populations devraient être sensibilisées à ces risques à la fois à travers les médias traditionnels et les réseaux sociaux.

Cette séance plénière est immédiatement suivie d’un évènement spécial intitulé « Résilience à la sécheresse face aux changements climatiques », en salle 2, niveau 0 du CIGC.

RÉSILIENCES DES COLLECTIVITÉS: LA PIERRE ANGULAIRE DE NATIONS RÉSILIENTES

Déclarations

Mme ANN AKWANGO, Directrice des programmes du Development Network of Indigenous Voluntary Associations (DENIVA) de l’Ouganda, a rappelé la philosophie africaine du travail collectif pour le bien commun, dans le respect des perspectives de chacun, une philosophie qui, a-t-elle précisé, s’applique aussi à l’action face aux catastrophes.  Il est important de construire la résilience des communautés pour faire face aux catastrophes qui interviennent au quotidien, et qui ont un impact très grave sur le bien-être des populations.  Ce sont malheureusement celles dont la presse parle peu et pour lesquelles la mobilisation des ressources reste limitée.  C’est pourquoi, a-t-elle souligné, le futur cadre d’action qui remplacera celui de Hyogo devrait refléter cette réalité.

La mobilité et la capacité d’organisation des communautés sont essentielles pour la réduction des risques de catastrophe, a-t-elle dit, en précisant que ces communautés peuvent trouver des solutions originales aux problèmes qui se posent à elles.  Il est ainsi utile de coordonner les programmes nationaux avec connaissances traditionnelles des communautés.  Il faudrait renforcer les capacités au niveau des communautés locales, qui en manquent cruellement mais qui sont les plus à même de faire face aux fléaux qui les frappent.  Il faudrait aussi associer tous les secteurs concernés pour parvenir à la résilience des communautés, a estimé Mme Akwango.  Elle a fait observer que les mécanismes visant à renforcer les partenariats entre le secteur public, national et local, et le secteur privé font, pour l’instant, défaut en Ouganda.

Mme GODAVARI DANGE, Directrice de la SakhiFederation, en Inde, a décrit la grave sécheresse qui frappe la communauté agricole en Inde, causant la pauvreté et contraignant les populations à fuir leur région et, parfois, leur pays.  Les changements climatiques menacent les ressources hydriques dont disposent les communautés, a-t-elle alerté.  Les femmes au sein de ces communautés se sont d’abord organisées pour s’entraider et subvenir aux besoins de leurs familles.  Elles ont ensuite étendu leur action à d’autres communautés confrontées à des difficultés similaires au niveau de l’État du Maharastra.  Pour ce faire, elles ont créé des partenariats solides avec les pouvoirs publics et le secteur privé, notamment une société d’énergie avec laquelle elles développent des projets industriels à petite échelle dans le domaine de l’éclairage, a précisé Mme Dange.  Certaines femmes se sont formées aux techniques agricoles, d’autres à l’administration et à la gestion de projets.  Six cents personnes sont responsables de la diffusion d’informations importantes, notamment météorologiques, a-t-elle ajouté.  Le futur cadre d’action pour l’après-2015, a-t-elle demandé, devrait permettre de débloquer des fonds pour l’action locale et encourager l’action des groupes de femmes à ce niveau.

M. JIUTA KOROVULAVULA, de la Fondation internationale pour les peuples du Pacifique Sud (FSPI), à Fidji, a présenté les mesures prises par les collectivités de son pays.  Les organisations non gouvernementales concernées ont créé des groupes de travail thématiques sur la reconstruction, l’alerte précoce ou encore la gestion communautaire des catastrophes.  Des comités communautaires représentant toute la population ont pour rôle d’établir une évaluation des dégâts en cas de catastrophe, en lien avec les autorités du pays.  Une organisation non gouvernementale travaille à l’intégration des personnes handicapées aux activités de préparation aux catastrophes, a assuré M. Korovulavula.  Les organisations concernées constatent que la coopération régionale et internationale doit s’appuyer, d’abord, sur l’action des collectivités.  Le cadre d’action pour l’après-2015 devrait encourager les gouvernements à intégrer toutes les catégories de personnes vulnérables aux efforts de réduction des risques de catastrophe.

Mme HAYDEE RODRIGUEZ, Présidente de l’Union des coopératives Las Brumas, au Nicaragua, a indiqué que sa coopérative travaillait activement à la réduction des risques de catastrophe naturelle, notamment en association avec le Centre de coordination pour la prévention des catastrophes naturelles en Amérique centrale (CEPREDENAC).  Elle a cité des projets qui visent à évaluer l’état des sols en vue de prévenir des glissements de terrain.  La prévention des catastrophes et les mécanismes d’alerte précoce permettent de limiter les impacts des changements climatiques.  Elle a noté que la participation des femmes à la vie publique s’était accrue, grâce à un programme municipal qui consacre 5% du budget de la ville à des programmes publics pour la formation et l’intégration des femmes.  Les femmes doivent travailler de concert avec les autorités locales pour faire avancer leur cause, a-t-elle dit avant de conclure.

Mme JACQUELINE ARAYA MONTERO, Coordonnatrice du Comité communautaire d’urgence de Puerto Viejo et promotrice sociale des systèmes ruraux d’approvisionnement en eau à Sarapiqui, au Costa Rica, a décrit le mécanisme d’alerte précoce mis en place dans la région de Sarapiqui.  Il a pour objectif de former les personnes concernées, d’organiser la coordination avec les autorités concernées et d’aider les personnes touchées par des catastrophes, a-t-elle précisé.  Il a également pour objectif de développer une culture de réaction rapide aux catastrophes et de donner plus de pouvoir aux collectivités locales qui y participent, a-t-elle ajouté.  La prochaine étape, a-t-elle indiqué, est le partage d’expériences entre les communautés afin de développer l’influence positive de cette expérience innovante.

M. ALEX BYARUGABA, Membre du Parlement, district d’Isingiro, en Ouganda, a rappelé que les catastrophes ont des conséquences disproportionnées sur les femmes, les enfants et les groupes les plus vulnérables.  Les communautés locales jouent un rôle important dans la planification des mesures de préparation aux catastrophes, au plus près des terrains qu’elles connaissent le mieux.  Dans ce contexte, les autorités doivent, notamment, apprendre à utiliser, préserver et transmettre les connaissances des anciens; et développer les systèmes de financement et d’assurance au niveau local.  Les élus doivent, pour leur part, s’exprimer au nom des populations menacées par les catastrophes, appuyer les activités locales, mieux cibler l’utilisation des ressources, assurer le suivi de l’action du pouvoir exécutif et encourager les activités de formation.

Mme NIKKI KAYE, Ministre de la protection civile de la Nouvelle-Zélande, a assuré que lors du tremblement de terre de Christchurch, en 2011, la mobilisation des communautés locales avait permis de réduire l’impact négatif de la catastrophe, qui avait causé cependant des dommages équivalents à 20% du PIB.  En Nouvelle-Zélande, les autorités locales ont de larges responsabilités en matière de protection civile, a-t-elle dit.  La responsabilité individuelle et l’ « autogestion » en sont les deux principes fondamentaux.  Après le séisme de Christchurch, toute la population a fait preuve d’un engagement spontané, s’est-elle félicitée.  La Ministre a ajouté que la rapidité avec laquelle le redressement a été assuré dépendait aussi des capacités des collectivités.  L’implication de l’ensemble de la population et, en particulier des jeunes, est primordiale pour réduire, à l’avenir, les risques de catastrophe.  À cet égard, la Ministre a estimé que la mobilisation de la population à la fois à travers les médias traditionnels et les réseaux sociaux était une piste à explorer.

M. MARCIO MOURA MOTTA, Secrétaire adjoint à la protection civile de l’État de Rio de Janeiro, Brésil, a fait état d’une grave crise résultant des importantes inondations qui avaient affecté la ville de Rio et toute la région, causant plusieurs dizaines de morts.  À la suite de cette catastrophe, les autorités avaient procédé à une cartographie des zones à risque et installé des postes d’alerte.  Depuis cette date, elles organisent régulièrement des exercices d’évacuation.  Les écoles primaires dispensent un enseignement pratique pour préparer les élèves à mieux réagir en cas d’inondations et de glissements de terrain.

Débat interactif

Au cours de la discussion animée par M. ANDREW BIDNELL, d’InsideOut Consultant Compagny, au Royaume-Uni, plusieurs intervenants ont souligné que le partage d’informations était essentiel.  Mme Araya Montero, du Costa Rica, a rappelé que son pays ne disposait pas d’armée.  C’est pourquoi, la société civile doit réagir rapidement en cas de catastrophe.  Le système de protection est fondé sur l’implication des citoyens vivant dans des zones à risque et sur le renforcement des collectivités locales.  Ces deux conditions doivent être prises en compte dans le nouveau cadre d’action pour la période post-2015.

Un autre intervenant s’est interrogé sur la possibilité d’ériger les catastrophes en violations des droits de l’homme.  Les plus démunis sont les plus susceptibles de souffrir des effets des catastrophes, a fait rappeler un participant.  Par ailleurs, une représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) au Niger a estimé qu’il faudrait prendre en compte non seulement les bonnes pratiques, mais également les mauvaises pratiques afin d’établir une meilleure évaluation de la situation et de mieux cibler les mesures à prendre.  Le partage d’expériences permet d’éviter à d’autres de commettre les erreurs qui avaient été constatées ailleurs.

Répondant à une question d’une représentante de la Banque mondiale, le membre du Parlement de l’ougandais a souligné que l’implication des communautés locales signifie qu’elles doivent s’approprier les politiques et programmes de réduction des risques.  La participation active des collectivités est donc une nécessité fondamentale, a-t-il dit.

En réponse à une autre question, la Ministre de la protection civile de la Nouvelle-Zélande s’est dite convaincue que la science et la recherche, notamment en matière sismique, sont vitales pour mieux organiser la réponse aux catastrophes.  La Présidente de l’Union des coopératives Las Brumas, pour sa part, a évoqué les leçons apprises au Nicaragua à la suite des souffrances et des dégâts causés par les catastrophes.  Les organisations de femmes ont noué un véritable dialogue avec les autorités du pays en matière de réduction des risques de catastrophe.

Mme VIOLET SHIVUTSE, Directrice et fondatrice de la communauté des travailleurs de santé de Shibuye, du Kenya, a estimé que l’organisation communautaire constituait un outil très puissant, tout en notant que les donateurs ne lui accordent pas la priorité.  Les organisations de femmes, en particulier, réalisent un excellent travail, a-t-elle assuré.  Les partenariats « du bas vers le haut » sont particulièrement efficaces, car ils permettent d’informer les pouvoirs publics sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.  Le cadre d’action post-2015 devrait prendre en compte les réalisations faites au niveau régional.  Le partenariat permet aux citoyens d’être entendus car, a-t-elle rappelé, ils sont les premières victimes des catastrophes.  Elle a souligné que la quatrième session de la Plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe devrait formuler des recommandations afin de garantir la durabilité des initiatives locales.  Pour réaliser les objectifs de réduction des risques de catastrophe et de développement durable, « il faudrait passer des projets isolés aux programmes durables », a-t-elle insisté.  Au cours d’une récente réunion entre communautés locales, il est apparu que la planification devait être assurée par les collectivités et non pas par une autorité centrale.  « Il faut penser globalement mais agir localement », a-t-elle dit avant de conclure.
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2013/IHA1318.doc.htm

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